Le Premier Soir

Le premier soir fut irréel. Nous  nous trouvâmes en face d'un militaire, peut-être au début de la trentaine, lunettes, plutôt enrobé, avec une gouaille et un accent pieds-noirs pas possible. Il était des plus sympathiques, toujours un large sourire et les mains sur les hanches pour être encore plus imposant.
Je l'appris le soir même, son prénom était "Sergent". Comme nous le primes de suite en affection, il nous autorisa à l'appeler par son prénom.

Il était secrétaire ou comptable, il y a des détails qui sont partis de ma mémoire, qui avait décidé de devenir éducateur. Il devait devenir notre guide, conseiller, pseudo père pendant la première année et nous étions sa toute première classe. Febvre, c'était son nom et je me souviens de me sentir fier lorsqu'il passa Sergent-chef (difficile tout de même, que de changer de prénom au milieu de sa vie!).

T28D Fennec sous les fenêtres du T4

Donc, le premier soir avec sa première classe, il eut à donner sa première leçon à des gamins aux cheveux courts et complètement déboussolés. Les sujets, je m'en souviens étaient d'actualité: Comment présenter les chaussures au pied du lit (une fois cirées), comment faire un noeud de cravate et ... comment éviter les maladies vénériennes.

Le premier sujet ne présenta pas un grand challenge. Le deuxième, c'est dur de l'avouer, me pose toujours des problèmes. Il fallait faire zigzaguer ce morceau de tissus noir de manière à faire un noeud qui pouvait coulisser autour du cou si on tire un de ces bouts et qui se défait tout seul en tirant sur les deux bouts (sans le cou au milieu!). Après toutes ces années, et même si j'ai longtemps porté la cravate au travail, je n'arrive toujours pas à remplir la deuxième partie du cahier des charges. Frog
Pour information, voici le motif d'une de mes cravates que je portais en Angleterre (un cadeau de ma fille qui ne passe pas inaperçu en outre-Manche lorsqu'on est Français.).

 

Pour revenir à notre première soirée, le troisième sujet était on ne peut plus abstrait pour moi, car n'ayant pas encore rencontré la gente féminine dans son intimité, ce n'était pas en m'enrôlant dans une prison que j'allais attraper une maladie "honteuse". C'était tout de même gentil de sa part de nous prévenir, c'est tout ce que je trouve à dire à ce sujet.

La dessus, la lumière s’éteignit et j'étais ici, au début de deux très longues années...

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Dernière Mise à jour: 21-Mars-2021